Clé de voûte du son et lumière, le château néogothique, classé Monument Historique, panse ses plaies béantes. Après une existence tumultueuse et un lâche abandon, il tient debout et témoigne.

C’est un chien.

Un chien de garde.

Qu’on abandonne. Puis qu’on adopte.

Le château de Pont-Rémy, le fameux « chien de garde du Ponthieu », tel que décrit dans la résistance offerte aux envahisseurs anglais pendant la guerre de Cent ans, est un édifice fragile. Il faut en prendre grand soin pour le sauver complètement, après un terrible incendie survenu au mois d’août 2012, conséquence d’un abandon progressif.

IL S’EN EST TOUJOURS SORTI !

Il y eut d’abord une motte féodale, mais à l’extérieur du village, puis un château fort, élément de défense, à l’endroit où l’édifice se trouve toujours aujourd’hui, enserré par les bras de la Somme. Maintes fois remanié, démoli, reconstruit, agrandi, puis rétréci, le château de Pont-Rémy a vu à chaque fois la mort de près, mais il s’en est toujours sorti. De château fort à édifice de défense, puis de propriété foncière à logis d’agrément, il a traversé les siècles, passant de main en main ; des mains pas toujours très sûres et qui l’ont finalement laissé aller vers le pire. Comme une laisse qu’on lâche. Volontairement. Et advienne que pourra du chien…

Aujourd’hui, le chien de garde du Ponthieu se refait une santé, enfin pris en main par des gens sûrs, attentifs et bienveillants. Il ne retrouvera jamais la fougue de sa jeunesse, mais les rides à vif de sa difficile longévité racontent toujours son histoire et forcément celle du village qu’il a protégé longtemps.